
Signification
Les 2 premiers caractères du nom tai chi chuan (tai chi, ou taiji), souvent traduits par "faîte suprême", évoquent notamment la poutre faitière d'une toiture. C'est, dans la cosmogonie chinoise, la clé de voute de l'univers. Taiji était aussi le nom par lequel on désignait l'étoile polaire, seul point fixe de la voûte céleste.

Le symbole bien connu du Tao, réunion du Yin et du Yang, se dit en chinois Taiji tu, soit "l'image du taiji". L'idée de "suprême" ou "ultime" que contient le caractère Tai (太) évoque une recherche de perfection et renvoie cet art à ses origines taoïstes.
Le 3e caractère (拳 Chuan ou Quan, prononcer Tchouane) désigne le poing et par extension une technique martiale. Le tai chi chuan était souvent appelé autrefois "Boxe de l'ombre".
Le Tai Chi Chuan est donc un art martial chinois, mais il a plusieurs variantes en Asie, notamment le Khi Dao vietnamien.
Par son déroulement souvent lent et harmonieux, le tai chi est aussi apprécié comme art de santé car sa pratique régulière apporte de nombreux bienfaits : équilibre, détente, souplesse, amélioration du sommeil... Cet art martial permet tout autant de se défendre contre un ennemi externe que contre l'ennemi interne qu'est le stress.
En quoi consiste la pratique du tai chi chuan?
La première règle du Tai Chi Chuan, selon le site Chine Information, est la décontraction (song, song kai en chinois) qui permet de délier les mouvements, d'actionner le corps dans son ensemble et faire qu'un geste de la main, par exemple, vienne "du centre du corps" et non de la seule force du bras.
Mais la décontraction ne serait rien si l'on n'actionnait en même temps une certaine dynamique ou vigueur, issue de l'énergie interne, qui apporte à la forme une tonicité remarquable, même pour les styles réputés lents.
La pratique du tai chi chuan se fait à travers l'apprentissage et la répétition de la "forme", un enchaînement de mouvements plus ou moins nombreux (24, 57, 108 mouvements). Chaque "mouvement" a en réalité une signification martiale : coup porté ou parade, au nom évocateur : La grue blanche déploie ses ailes, Jouer du pipa, Repousser le singe, etc.
La mémorisation de la forme une fois acquise, un travail intérieur se construit progressivement, basé sur le souffle et l'alternance du yin (inspir, mouvement défensif vers l'intérieur) et du yang (expir, mouvement offensif vers l'extérieur).
Une pratiquante de longue date témoigne : "Tu dois faire le calme dans ton esprit, alors la pensée dirige et accompagne tous les mouvements sans interruption ni rupture. Pratiquer le tai chi chuan, c'est alterner le yin et le yang, inspirer et expirer, c'est unir l'intérieur et l'extérieur". (www.taichichuan78.com)
Si le tai chi est surtout connu par ses enchainements pratiqués seuls (ou en groupe), il comporte aussi un travail à deux, à travers notamment le Tui Shou (littéralement "tirée des mains") qui met en pratique les principes d'alternance de poussée et de retrait avec un adversaire. Il passe aussi par le Tao Lu, expression rapide de l'enchainement utilisé notamment en compétition.
Enfin le tai chi chuan ne serait pas un art martial complet s'il ne comprenait pas l'étude des armes : épée, sabre, lance, éventail... Celle-ci est proposée en principe à des pratiquants avancés mais peut apparaitre aussi au cours de stages spécifiques qui permet de prolonger le travail à main nue.
Les différents styles
A la différence du Qi Gong qui compte des centaines d'écoles et de styles, le tai chi chuan compte 4 styles majeurs bien identifiés. Ils sont désignés par le patronyme de leur fondateur : Chen, Yang, Wu et Sun.
L'école Chen
C'est la plus ancienne. Sa pratique diffère de l'image qu'on se fait habituellement du tai chi, celle d'enchainement de mouvements lents et réguliers. Ce style est caractérisé au contraire par des alternances de rythmes lents et rapides et des mouvements parfois explosifs qui le rapproche à ce titre de pratiques comme le Yi Quan ou les arts martiaux dits externes comme le Wushu. Elle est plus souvent pratiquée en position basse et requiert donc une forme physique suffisante.
L'école Yang
Elle est de loin la plus répandue dans le monde. Elle descendrait du légendaire Yang Lu Chan qui l'a fait connaître très largement en enseignant à la noblesse mandchoue vers la fin du dix-neuvième siècle. Mais c'est surtout son petit-fils Yang Chen-Fu qui développa l’école Yang.
Il existe plusieurs "formes" à l'intérieur du style Yang, dont l'exécution se ressemble mais qui diffèrent selon la longueur et le nombre de "mouvements" : 108 ou 85 pour la forme dite "longue", 37 pour la forme simplifiée développée par Cheng Man Ching dans les années 1940, courante aux USA, 24 ou "forme de Pékin", développée en 1956 par le Comité des Sports de Chine. Cette dernière est très utilisée dans les compétitions, car elle permet une exécution normalisée et facilite la notation des jurys. La forme des 24 dans son ensemble dure 5 à 6 minutes, celle des 108 25 minutes environ et s'enseigne en 3 parties.Il existe enfin des enchainements encore plus courts : 13 ou 8 mouvements, qui permettent une mémorisation plus facile.
Aperçu de la forme en 8 mouvements, en extérieur à Madrid.
L'école Wu
Celle-ci descend d'un autre fils de Yang Lu Chan : Yang Ban Hou, dont un des élèves lui-même militaire popularisa ce style très proche du style Yang. Les deux écoles sont à ce point proches qu'elles ne se se distinguent vraiment qu'à partir du début du 20e siècle.
Le style Wu aurait conservé une pratique plus martiale que l'école Yang. Au travers notamment des exercices à deux.
L'école Sun
Le style Sun a été créé par Sun Lutang au début du 20e siècle. Lui même grand maître de Xing Yi Quan et de Ba Gua Quan, deux arts internes de forme plus martiale que le tai chi, il étudia au départ le style Wu et aurait créé le style Sun comme une synthèse de ce style et des 2 arts internes.